La sauvage dort dans la grotte.
La sauvage a récupéré des saletés de partout pour dormir dans la grotte. Il fait froid dans la grotte et les animaux à fourrures sont trop rares. La sauvage a pris le carton et la carpette dans les saletés pour dormir dans la grotte.
La
sauvage a déjà rencontré des gens sur le chemin des saletés. La sauvage
a compris qu’il fallait mettre un habit pour aller chercher les saletés
à mettre dans la grotte et rencontrer des gens sur le chemin.
Et depuis qu’elle a mis
un habit, la sauvage ne l’a pas enlevé, elle a oublié que c’est un
habit. Elle épouille l’habit comme elle. Elle va dans l’eau chopper le
poisson avec l’habit. Elle se gratte l’habit.
La sauvage échappe au monde comme elle peut, mais ce n’est pas facile. Le monde se construit autour de la grotte. Tous les jours, la sauvage doit reculer un peu plus dans la grotte pour échapper au bruit du monde qui se construit.
Les animaux ont fuit autour de la grotte et la sauvage a faim. La sauvage se met à manger des saletés des poubelles. La sauvage tombe malade. La sauvage mange quand même les saletés, mais que celles qui attirent les chats : ce sont les bonnes à manger.
La sauvage ne sort plus que pendant la nuit, pour ne pas être vue. La sauvage a peur des lumières pas naturelles la nuit, mais moins que des gens à rencontrer. Et il y a les chats, la nuit.
Les spéléologues découvrent la grotte. Les spéléologues rentrent, parlent et mettent leur lumière partout dans la grotte. La sauvage se cache et attend qu’ils partent. Les spéléologues ne partent pas.
La sauvage bouche derrière elle et avance pour chercher des bêtes à manger et une sortie. Elle trouve les bêtes mais pas la sortie. Elle avance, il y a de moins en moins de bêtes et de sortie et d’air. Puis la sauvage voit un peu, elle sait que ça veut dire qu’il y a la lumière. Elle pousse le mur qui a des trous sur le dehors de la grotte.
C’est le jour, il y a le monde autour. La sauvage a très faim, alors même si c’est le jour, elle sort chercher les saletés dans les poubelles. La sauvage mange avec les chats. Le monde essaie de l’attraper et elle s’enfuit. La sauvage ne trouve plus la grotte. Tout est le monde, et le monde se ressemble trop.
La sauvage pleure. Ma grotte ! Mon carton, ma carpette !, pense-t-elle sauvagement. Puis elle creuse un trou sous le monde, s’y réfugie et le referme. Pas moyen que le monde vienne sous lui-même la chercher.
La sauvage, sous le monde, se sent bien. Il fait bon, noir et silencieux. La sauvage s’endort paisiblement. Les chats, assis sur le monde, miaulent à la mort en canon.